lundi 19 juin 2017

…A LA CHASSE AUX PAPILLONS !



Georges Brassens nous avait écrit une jolie petite chanson à ce sujet. Je vous donne le lien de la vidéo pour celles et ceux que cela intéresserait. Alors, j’entends déjà d’ici, les interrogations, encore une fois, plus ou moins malveillantes au sujet de ce titre. Mais qu’est-ce ça vient fiche dans le blog de notre chorale ? J’aurais pu écrire autre chose que « fiche » mais je préfère ménager la sensibilité chatouilleuse de mes lectrices. Ça y est ! Le vieux perd ses boulons ! Comme il arrive souvent à cet âge, un court-circuit dans ses neurones usés a dû se produire accidentellement.  Pas du tout ! Bande de médisants ! Car mes « papillons » ne sont pas ceux que l’on voit voleter gracieusement dans la campagne ensoleillée, par une belle journée d’été, non ! Mais ceux, vestimentaires et chics, que l’on nomme plus vulgairement « nœud pap ». Et quand je parle de « chasse » c’est bien de cela  dont il s’agit, quand on recherche un objet rare et dispendieux pour satisfaire les caprices « artistiques » d’une certaine prof de chant. Celle-ci veut à tout prix que l’on chante en chemise blanche et nœud papillon « rouges » ! Déjà que ces ustensiles de mode sont rares en noir, mais alors en rouge ? Je ne vous en cause pas !  Il faut dire que j’avais eu l’imprudence d’accepter le rôle de supplétif mâle dans une classe de chant où l’on manque très cruellement de denrées nourries à la testostérone. Si vous voyez ce que je veux dire, sans être obligé d’insister lourdement ? Or donc, me voilà lancé dans tous ces magasins de fringues qui me sortent par les yeux, tellement je déteste toutes ces montagnes vaniteuses et coûteuses de tissus et d’objets futiles. Je cherche désespérément partout cet accessoire de mon futur uniforme de loufiat pour pince-fesses mondains, afin de ne pas gâcher la fête du concert de ce soir, et de satisfaire « Mâdâme » la prof de chant. Des kilomètres de rayons de soutiens-gorge, de soutifs, de fanfreluches, de costards, de slips de bain, de chapeaux, de ceintures, de cravates, etc…   Enfin j’en trouve un ! Mais à quel prix ! Et comme la plaisanterie ne s’arrête pas là, il faut que j’en achète un supplémentaire pour le ténor de service. La mission « impossible » est enfin remplie.
Vous croyez que l’aventure « papillonesque » s’arrête là ? Bande de naïfs ! Elle ne fait que commencer.  Car voilà le « drame » qui se joue dans nos calebasses surchauffées ; d’un côté, nous devons commencer le concert en chemise blanche et nœud pap, pour faire les « beaux » avec ces « dadames », et de l’autre on poursuit au sein de notre chorale, mais cette fois-ci tout en noir, avec une chemise noire. Youpi ! Vous voyez le topo ? A un moment donné, il va nous falloir jouer les « Fregoli » ! C’est incontournable ! Quoi ? Vous ne connaissez pas « Fregoli » ? Et wikipédia ? C’est fait pour les chiens ? Fregoli est le précurseur lointain d’Arturo Braquetti. Quoi ? Toujours rien ? Alors là, vous vous démerdez !  Bon, comme nous sommes des « cerveaux », on se dit que la meilleure solution c’est d’amener notre chemise noire avec nos affaires et nos partoches. On la mettra dans un coin discret, le moment venu. Sauf qu’il faut encore le trouver, ce coin…discret ! Ce n’est pas évident, dans une église pleine de mélomanes attentifs.
Le soir arrive. Il fait beau et chaud. L’église de Moissy est fraîche et accueillante. Les filles de la classe de chant et nous, on s’est déjà échauffé dans l’école du Noyer Perrot. Nos petits copains et copines de la chorale le font de leur côté sous un chapiteau blanc à l’entrée du bâtiment.
Le concert commence par nous, avec nos belles chemises blanches et nos « nœuds » cramoisis par le bonheur de se trouver au milieu d’une si belle assemblée. Tout se passe bien. Sauf qu’il nous faut attendre le passage de toutes nos copines chanteuses, vu que nous concluons le passage de l’école de chant par un « alléluia » endiablé (ce n’est peut-être pas tout à fait le terme à employer dans une église, mais on fait ce qu’on peut !). On patiente ! On patiente ! Pendant ce temps-là, je repense au coin que nous avons trouvé pour nous changer. Il est parfait ! Il nous cache bien de la vue des spectateurs. Mais j’aperçois une porte, et je dis à Christian que ce serait bien de nous changer dans une pièce fermée, bien isolée. On ouvre la porte et on se retrouve….dans le chœur de l’église ! Aïe ! Heureusement que nous nous en apercevons tout de suite. Vous imaginez la scène ? Nous, débarquant, torses nus, au milieu du chœur, pour nous changer ? Certaines coquines auraient pu se réjouir d’apercevoir ainsi, des anatomies masculines avenantes, en inspirant chez elles certaines pensées que la morale chrétienne réprouve. Mais la vérité nous oblige à croire en un autre scénario moins glorieux. On aurait vu d’ici les titres des journaux : « deux dangereux exhibitionnistes sèment la panique dans un paisible lieu de culte ! »  On a donc échappé à la catastrophe de justesse !
Quand arrive notre dernier morceau de bravoure, je me précipite vers le choeur, mais retenu par la main ferme de Christian, je me rends compte d’un détail épouvantable ; dans mon élan, je n’ai pas vu que j’avais accroché le cintre de ma chemise noire et qui me battait ainsi, l’arrière train d’une manière scandaleuse ! Ah ! Il s’en passe des choses, dans les coulisses ! Si vous saviez !
Je vous rassure. Tout s’est bien passé ! L’alléluia a été, disons, à peu près bien interprété par les basses. Alors on s’est vite précipité derrière notre pilier pour échanger nos chemises.
Le Magnificat était sauvé ! D’ailleurs, il a été très beau, bien joué et très émouvant. Je trouve, personnellement, qu’il a même été mieux interprété qu’à Savigny ! Peut-être le sentiment des « derniers feux » et qu’une grande aventure lyrique s’achevait ainsi. Nous avons eu droit  à un « bis » du Gloria. Il y a même un « ravi de la crèche » qui a poussé un « bravo » un peu décalé, mais tout de même, très sympathique. Il faut dire, que quelques minutes auparavant, Monsieur le curé lui avait dit de remettre son t-shirt sur son torse nu. D’accord, il faisait chaud dehors ! Mais pas dans l’église ! Et ce pauvre garçon risquait de s’enrhumer.  Décidément, c’était la « valse des torses nus », ce soir là !
Pour terminer sur une note plus calme et plus sereine, je constate que nous avons bien rempli notre « contrat ». Encore une fois, Véronique et Jérôme ont su, grâce à leur grand professionnalisme, mais aussi grâce à leurs grandes qualités humaines, de patience et même d’humour, porter les simples amateurs, parfois peu doués que nous sommes, vers des sommets de bonheur que procure l’art lyrique. Ils ne faut pas oublier les très talentueuses solistes, professionnelles ou amatrices que nous avons eu le plaisir d’entendre. Certaines promettent beaucoup et sont même très…..charmantes ! Hum ! Oups ! Ma femme risque de me lire, je ne vais donc pas insister !
Je ne peux terminer sans faire un clin d’œil malicieux à Véronique, notre cheftaine de chœur de Savigny, car il me revient, à son sujet, le refrain d’une jolie chanson d’une chanteuse complètement oubliée (c’est vous dire si je suis un vieux kroum !) Colette Deréal :

Véronique, si je te dis ça
Il ne faudra pas me croire
Non, y ne faudra pas
(Lettre à Véronique, refrain) 

En vous souhaitant à toutes et à tous de bonnes et reposantes vacances.


 LA CHASSE AUX PAPILLONS





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